Colère chez l’enfant : comprendre, réagir et accompagner avec bienveillance
- Aude Darmon
- 22 juin
- 5 min de lecture
Quand les émotions débordent… comment aider son enfant à traverser sa colère sans s’y noyer ?

La colère fait partie du quotidien de nombreux parents. Elle surgit souvent sans prévenir : un refus d’aller se coucher, une frustration au supermarché, un "non" qui déclenche une crise. Face à ces colères, nous les parents, nous sentons parfois dépassés, épuisés, voire coupables. Et si l’on changeait de regard sur cette émotion si mal aimée ?
Dans cet article, je vous propose de comprendre ce qu’est réellement la colère chez l’enfant, les besoins qu’elle exprime, comment prévenir les débordements, et surtout comment réagir avec justesse et apaisement, même dans les tempêtes. En bonus : un exercice de sophrologie ludique à faire avec votre enfant pour l’aider à se libérer de sa colère.
Qu’est-ce que la colère chez l’enfant ?
La colère est une émotion primaire, aussi naturelle que la joie ou la peur. Elle est présente dès le plus jeune âge, car elle joue un rôle fondamental : protéger l’intégrité de l’enfant face à ce qui le dérange, le frustre ou l’agresse.
Contrairement à l’adulte, l’enfant n’a pas encore les capacités neurologiques pour réguler seul ce qu’il ressent. Le cortex préfrontal, qui permet de prendre du recul, d’analyser et de contrôler les impulsions, est encore en développement. C’est pourquoi un enfant ressent tout très fort, sans filtre, sans recul.
Il ne fait pas une crise pour "manipuler" ou "chercher les limites" mais parce que ses émotions le débordent.
À quel besoin répond la colère chez l’enfant ?
La colère naît lorsqu’un besoin fondamental n’est pas satisfait. Identifier ce besoin, c’est déjà faire un pas vers l’apaisement.
Voici quelques exemples :
Comportement observé | Besoin sous-jacent |
Refus de se laver | Besoin d’autonomie ou de transition en douceur |
Crise pour un jouet | Besoin de reconnaissance, de choix ou de possession |
Hurlement au coucher | Besoin de sécurité, de rituel, de lien affectif |
La colère n’est pas le problème : elle est le messager.
Le problème, ce n’est pas l’émotion. C’est le manque d’outils pour la vivre autrement que par la crise.
Peut-on éviter les colères ? Mieux vaut les prévenir que les subir
Si toutes les colères ne sont pas évitables, certaines peuvent être anticipées. Voici des leviers simples à mettre en place au quotidien :
1. Créer un cadre prévisible et sécurisant
Les enfants ont besoin de repères. Des routines stables (repas, sommeil, transitions douces) limitent les zones d’insécurité émotionnelle.
2. Donner des choix adaptés
Offrir une forme de liberté permet de nourrir le besoin d’autonomie :
"Tu préfères mettre ton pull rouge ou le bleu ?"Cela réduit les confrontations inutiles.
3. Observer les signes d’alerte
Certains enfants deviennent agités, parlent plus fort ou se crispent avant une crise. Ces signaux corporels sont des clés pour intervenir en douceur, avant que l’émotion n’explose.
4. Valider l’émotion AVANT de poser un cadre
"Tu es en colère parce qu’on doit partir maintenant. C’est vrai que tu aurais aimé continuer à jouer."Nommer ce que l’enfant ressent le calme davantage que les injonctions ("arrête de crier", "ce n’est rien").
Que faire quand la colère explose ?
Malgré tous les efforts, une crise peut survenir. À ce moment-là, l’enfant est dans un tunnel émotionnel. Il ne peut plus entendre, ni réfléchir. Votre mission : être un adulte régulateur, pas un adversaire.
✔️ 1. Restez calme et stable
Votre calme agit comme un ancrage pour l’enfant. Si vous vous énervez à votre tour, vous alimentez le feu.
Inspirez lentement par le nez, expirez par la bouche. Dites-vous : “Je suis le phare dans la tempête.”
✔️ 2. Contenez sans violence
Si votre enfant devient agressif :
"Je ne vais pas te laisser taper. Je vais tenir tes mains pour qu’on soit en sécurité tous les deux."Il ne s’agit pas de punir, mais d’encadrer avec douceur.
✔️ 3. Attendez le retour au calme
Ne cherchez pas à raisonner ou à expliquer pendant la crise. Attendez que la vague émotionnelle soit redescendue.
✔️ 4. Débriefez après
Une fois l’enfant apaisé :
"Qu’est-ce que tu ressentais tout à l’heure ? Qu’est-ce qui t’a aidé à te calmer ?"
Cela favorise la conscience émotionnelle et l’apprentissage pour la prochaine fois.
Et le parent dans tout ça ? Prendre du recul pour ne pas s’épuiser
Face à la colère d’un enfant, le parent peut se sentir pris dans un tourbillon : colère en retour, culpabilité, fatigue…Pour ne pas être happé, il est essentiel de prendre soin de soi aussi.
🧠 Rappelez-vous que ce n’est pas personnel
L’enfant ne vous rejette pas : il vous exprime son inconfort, parfois maladroitement.
🌬️ Respirez profondément
Quand vous sentez la tension monter, faites une pause mentale :
Inspirez 4 secondes, bloquez 2 secondes, expirez 6 secondes.
🔍 Observez ce que cela réveille en vous
Ai-je moi-même eu le droit d’être en colère enfant ?Pourquoi cette réaction me touche-t-elle autant ? Ce travail intérieur aide à désamorcer les automatismes.
Et puis, il faut bien le dire : nous aussi, adultes, avons souvent du mal avec la colère. Pour beaucoup d’entre nous, cette émotion a été réprimée dès l’enfance. On ne nous a pas appris à l’exprimer, encore moins à l’accueillir. Alors aujourd’hui, en tant que parent, quand la colère de notre enfant surgit, elle vient réveiller quelque chose de profondément inconfortable. On la perçoit comme quelque chose de négatif, de dérangeant, voire d’agressif… alors qu’en réalité, elle dit simplement qu’un besoin n’est pas respecté. C’est parce qu’on ne nous a pas donné les outils que nous pouvons avoir l’impression de perdre pied face à cette émotion — mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut apprendre, à tout âge.
Exercice de sophrologie : la pompe à colère
Un outil simple, corporel, ludique et très efficace pour aider l’enfant à évacuer sa colère de manière saine.
🌟 La pompe à colère (dès 4 ans)
Objectif : libérer la tension intérieure et ramener du calme.
1. Debout, les pieds ancrés dans le sol.
2. Inspire et hausse les épaules plusieurs fois comme si tu voulais pomper toute la colère en toi.
3. Expire fort par la bouche en relâchant d’un coup. Comme si tu faisais sortir la colère par un grand “Pfffff !”
4. Recommence 3 à 5 fois
Puis termine par un grand bâillement ou un étirement.
Pour conclure
Accompagner la colère de son enfant, ce n’est pas la faire disparaître. C’est lui apprendre à la reconnaître, à la vivre sans danger, à l’exprimer autrement .C’est aussi s’offrir à soi, en tant que parent, un espace de compréhension et de douceur, dans un quotidien souvent exigeant.
Vous n’êtes pas seuls.
✨ Pour que la colère devienne un langage… et non un combat.

📌 Vous vous sentez dépassé(e) par les émotions de votre enfant ?
Je vous accompagne, en sophrologie, pour retrouver de l’apaisement, du recul et des solutions concrètes. Enfants, parents : chacun peut apprendre à mieux vivre ses émotions. audedarmon.fr.
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